5 juin 2008


, je me frictionne le lobe de l'oreille du même hémisphère, accomplissant cet acte d'un air résolu afin de me signifier à moi même qu'il est temps que je sorte de mon inertie et de mes pyjamas. Après avoir péniblement sucé et dégluti mes biscuits du petit déjeuner, j'ai roulé une cigarette de mes mains calleuses avec les gestes alertes de la routine. J'ai carré le cylindre dans mon orifice buccal et je suis resté debout les bras ballants, le regard vitreux, les yeux larmoyants, perdu dans un odorant nuage de fumée. La cendre qui croît à l'extrémité luminescente du mégot finit par dégringoler le long de mon habit du dimanche, le même que tous les autres jours de la semaine.


Alizé Meurisse, Pale Sang Bleu.